A la découverte du saut
à la perche
d'après Maurice Houvion
Situation actuelle |
En France, les perchistes sont relativement peu nombreux. Cet état de chose tient au fait que la vulgarisation du saut à la perche est freinée par des difficultés d'ordre matériel, une carence importante de l'encadrement en nombre et en qualité, ainsi qu'une absence totale de détection.
Il est vrai que les perches devant être adaptée aux possibilités physiques et techniques des sauteurs pour autoriser une progression normale, il n'est pas "d'écoles de saut à la perche" sans un matériel adéquat.
Si on ajoute que pour respecter les règles élémentaires de sécurité, il faut posséder une fosse de réception souple et qu'en cas de mauvaises conditions climatiques il est indispensable de pouvoir sauter en salle, on imagine aisément les problèmes que doivent affronter les dirigeants d'un club ayant un budget limité.
Par ailleurs, un grand nombre d'enseignants et d'animateurs ne se sentant pas suffisamment informés hésitent à se lancer dans l'aventure de l'enseignement du saut à la perche. A cela s'ajoute leur crainte d'exposer leurs élèves aux prises de risque occasionnées par cette spécialité.
Si l'on cherche à connaître les facteurs déterminants de la pratique des quelques centaines de perchistes français, on s'aperçoit que la carrière de la plupart d'entre eux est surtout le fruit du "hasard". Beaucoup se sont sentis pousser des ailes en assistant au spectacle, il est vrai enthousiasmant, qu'offrent les perchistes en action soit sur le stade lors d'une compétition, soit dans la rue au cours des démonstrations que les responsables nationaux multiplient depuis plusieurs années ; soit enfin plus prosaïquement, devant leur poste de télévision.
C'est encore un heureux hasard, si passant à l'acte, quelques-uns de ces nouveaux venus possèdent les dispositions nécessaires pour devenir "champion" et qu'en plus ils trouvent à proximité de leur domicile, un club avec un entraîneur, un sautoir, des perches
Très rares en effet sont ceux qui ont pu suivre un itinéraire planifié, c'est-à-dire être orienté ou choisir ce sport après avoir reçu une formation physique générale et découvrir ainsi en connaissance de cause la spécialité où ils pourront exprimer, au mieux, leur personnalité sportive.
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Intérêts présentés par la pratique du saut |
La pratique du saut à la perche peut être considéré comme un puissant moyen d'éducation. Elle permet de canaliser les aspirations des jeunes garçons et pourquoi pas également celles des jeunes filles. Elle fait appel non seulement à un potentiel physique important mais aussi à des qualités volontaires et psychiques qu'elle contribue à développer.
Cette activité moderne correspond sûrement à certaines aspirations de la jeunesse actuelle qui veut assouvir sa soif d'aventure, son besoin de lutte, son goût pour les effets esthétiques et pour les sensations fortes.
Par ailleurs, au niveau du rayonnement sportif et culturel, si un pays décide de participer aux grands rendez-vous sportifs (jeux olympiques, championnats du monde et autres rencontres internationales), il doit s'organiser pour y obtenir les meilleurs résultats possibles, compatibles avec l'éthique sportive.
La performance de haut niveau ne s'obtient qu'à la suite d'une préparation sportive rationnelle et persévérante. Il faut donc chercher ceux dont les talents faciliteront l'approche des sommets et commencer "le voyage" très tôt si nous voulons que "l'état de grâce" crée par les Quinon, Vigneron et autres Galfione non seulement se perpétue mais s'améliore encore !
Bien sûr, la sélection n'est pas simple et il n'y a pas encore de méthode scientifique fiable pour résoudre ce problème.
L'évaluation des qualités physiques ne peut pas à elle seule être un critère d'orientation vers le saut à la perche.
La majorité des qualités nécessaires au perchiste s'acquiert et se développe grâce à une préparation rationnelle. Un diamant peut fort bien être caché sous une gangue d'argile et de pierre ; pour le découvrir, il faut croire à sa présence et le chercher, éventuellement en grattant longtemps. Les qualités mentales spécifiques sont probablement plus déterminantes. Elles ne s'extériorisent bien souvent qu'à travers la motivation que suscite la "passion".
Alors, sur quels critères faut-il fonder notre "détection" ?
On peut penser que le perchiste de l'an 2000 aura le profil suivant : 1,90 m de taille, 80 kg de poids de corps, une grande vitesse, une force dynamique importante, une bonne coordination, des capacités à assimiler la technique très développées et enfin des qualités psychiques supérieures.
Pour résumer, le sauteur à la perche est un coureur, un sauteur et un gymnaste, harmonieusement développé à tous les niveaux. Le large éventail des qualités utiles au sauteur à la perche semble à priori s'appuyer sur une sélection draconienne ; or, il n'est rien, car ces qualités peuvent se compenser pour réaliser une synthèse équilibrée et efficace.
N'oublions surtout pas qu'une insuffisance relative de qualités physiques peut être compensée par des qualités mentales supérieures : combativité, ambition, motivation, faculté de s'imposer, de vaincre. L'inverse semble moins évident.
La formation d'un sauteur à la perche de haut niveau est une tâche qui ne peut se réaliser sans patience. Les meilleurs résultats s'obtiennent entre 22 et 28 ans, après un entraînement de 10 à 15 années. Il convient donc de commencer tôt, entre 12 et 14 ans. A cet âge, on ne peut pas se contenter de simples constatations empiriques ; il est nécessaire d'anticiper le développement ultérieur probable.
S'il est scientifiquement possible de prévoir l'évolution morphologique d'un enfant, il reste très aléatoire de se limiter à ces données pour caractériser le devenir sportif d'un individu.
Deux critères s'imposent :